Tant d’opinions optimistes avaient estimé que le temps pour un chef de l’État africain de se maintenir au pouvoir est révolu. Mais la situation électorale du mois d’octobre prochain [en Guinée et en Côte d’Ivoire] attire d’ores et déjà des regards.
Cette éventualité arrive dans un contexte où la sous-région est sous la menace djihadiste notamment dans le sahel. Le Mali, qui est plongé dans une transition démocratique depuis 2013, vient ainsi de connaître un nouvel épisode de crise institutionnelle, occasionnée par le coup de force de l’armée à la date du 18 août 2020, obligeant le président Ibrahim Boubacar Keita [IBK] à la démission. Déjà la chance pour la CEDEAO de retirer le pouvoir aux mains des militaires reste le parcours du combattant. Aujourd’hui, cet événement se déroule – alors que deux pays [Guinée et Côte d’Ivoire] partageant les mêmes frontières avec le Mali, tiennent l’élection présidentielle au mois d’octobre prochain.
En Côte d’Ivoire, au cours du rassemblement du RHDP à la date du 22 août dernier, [ADO] a répondu favorablement à la demande de sa formation politique de se présenter au scrutin à venir. Le même contexte est similaire en Guinée – où notamment le président Alpha Condé est plébiscité par son Parti et une cohorte des alliés politiques à se porter candidat à l’élection présidentielle du 18 octobre 2020. Deux pays, deux scrutins, qui déchaînent les passions et des commentaires.
Côte d’Ivoire, risque de tensions ethniques
Alassane Ouattara est candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. C’est le résultat de la décision du RHDP. Et celle-ci a fait l’objet d’un grand rassemblement le 22 août dernier au stade d’Abidjan – où les partisans du président ivoirien étaient venus réitérer leur engagement à l’accompagner en vue de la présidentielle à venir. C’est une situation déjà émaillée de violences interethniques. Des appréhensions concernant ce scrutin occupent l’esprit des observateurs qui s’inquiètent de l’éclatement d’une nouvelle crise. Au-delà de ce regard critique, la France [pays colonisateur] et très présente dans la gestion politique ivoirienne depuis la chute de Laurent Gbagbo, fait silence radio sur la candidature d’Alassane Ouattara. Ce qui fait dire à certains acteurs de la société civile [que la France choisit désormais ses amis en Afrique]. C’est le cas du Rwanda, Gabon, Tchad (…) où les présidents de ces pays gèrent tranquillement sans contrainte.
Alpha Condé proche d’une nouvelle candidature
En Guinée, l’atmosphère politique montre en clair que le président Alpha Condé est en train d’aller vers une nouvelle candidature pour se succéder. Il est choisi par sa formation politique [RPG arc-en-ciel] de se présenter candidat à l’élection présidentielle du 18 octobre 2020. Une éventualité critiquée par ses adversaires réunis à l’intérieur du Front national pour la défense de la Constitution [FNDC] qui n’a pas pu empêcher l’adoption par référendum la nouvelle Constitution. De ce côté, les nerfs semblent décontractés. Quelques acteurs de cette entité [FNDC] sont candidats à l’élection à venir. La perspective pour les poids lourds de l’opposition à participer à ce scrutin serait une forte éventualité. Ce qui veut dire que le risque de violence liée à l’élection du 18 octobre en Guinée est loin d’être l’inquiétude possibilité.
Moussa Diabaté, Journaliste