Dans une tribune claire et engagée, Moustapha Traoré dénonce les pratiques de favoritisme, de clientélisme et de népotisme qui touchent le recrutement à la fonction publique en Guinée. Selon lui, ces pratiques, souvent fondées sur les relations personnelles ou familiales, détruisent la justice sociale et affaiblissent la confiance des citoyens dans l’État.
« Il est inadmissible que des personnes soient recrutées simplement parce qu’elles sont filles de, protégées de, ou proches d’un responsable, au lieu d’être choisies pour leurs compétences. Cela est une injustice grave et un détournement de l’esprit du service public », explique-t-il.
Pour appuyer ses propos, il cite l’exemple de la France. Sous la présidence de François Hollande, le président de l’Assemblée nationale de l’époque, Claude Bartolone, avait été accusé par la presse d’avoir aidé sa fille à obtenir un poste dans le secteur public sans respecter les procédures légales. Cette affaire avait choqué l’opinion publique et ouvert un débat sur la transparence dans la fonction publique. « Même dans des pays comme la France, ces pratiques existent, mais elles sont dénoncées et critiquées publiquement. Pourquoi ne pas faire pareil chez nous ? », interroge Moustapha Traoré.
Il félicite cependant les efforts récents, notamment le recrutement de la promotion 2024 dont il fait partie, illustre parfaitement cette dynamique nouvelle. À la différence des recrus irréguliers, leur intégration s’est distinguée par des innovations notables, notamment à travers une procédure de recrutement modernisée et un programme d’induction civilo-militaire. Cette formation, à la fois civique et disciplinaire, a contribué à forger une cohésion forte entre les nouveaux fonctionnaires, favorisant ainsi l’émergence d’une culture de responsabilité partagée.
Selon lui, cette union des forces au sein de l’administration est non seulement un gage de progrès, mais également une réponse concrète aux exigences d’un service public plus efficace, solidaire et humain.
Pour aller plus loin, il propose plusieurs réformes importantes :
Centraliser les besoins de recrutement dans une base de données nationale mise à jour régulièrement ;
Organiser des concours nationaux ouverts et transparents, avec un suivi indépendant ;
Mettre fin à toute forme de recrutement par relations ou recommandations personnelles ;
Créer un organe indépendant pour surveiller et contrôler la transparence du processus.
Il recommande aussi que les concours soient organisés tous les deux ans, comme au Burkina Faso, où le recrutement dans la fonction publique se fait de manière planifiée, tous les deux ans, sur la base d’un recensement national des besoins en personnel. D’autres pays comme le Sénégal ou le Rwanda ont également mis en œuvre des mécanismes de sélection transparents, fondés sur le mérite et appuyés par des systèmes numériques de contrôle.
Pour Moustapha Traoré, seule une fonction publique basée sur le mérite, l’éthique et la compétence pourra répondre aux attentes des citoyens et construire un avenir juste et équitable pour tous.