Dimanche dernier, les membres du CNRD nous informaient via un communiqué télévisé, du changement de domiciliation du Président Alpha Condé. Depuis, certains médias nous parlent de « transfèrement » du président Alpha Condé à la résidence de son épouse à Landréah sur la corniche nord, comme s’il s’agissait d’un prisonnier. Je me demande entre le CNRD et ces médias-là, qui se moquent du peuple de Guinée. J’ai envie de leur demander à tous, d’apprendre à aborder ce peuple dans sa diversité, d’apprendre à le respecter. L’élite nationale (dirigeante ou non) doit comprendre que tout ce qui a été fait hier, qui est fait aujourd’hui, et sera fait demain, est censé être fait pour le peuple, qui reste le souverain dépositaire de tout ce que nous sommes. Le Front Républicain par ma voix, voudrait éclairer les citoyens sur ce qui est confusément appelé dans la cité « transfèrement ».
De jure, on parle de « transfèrement » lorsqu’un prisonnier valablement inculpé pour un crime ou un délit bien déterminé est transféré d’un endroit pénitencier à un autre. C’est une procédure qui émane d’une décision de justice et dont les motivations visent le plus souvent, la facilitation des conditions de judiciarisation de l’inculpé. Ce qui n’est pas le cas du président Alpha Condé qui, n’étant pas inculpé à ce jour, a un statut d’otage. Le président Alpha Condé n’est pas un prisonnier, c’est un otage. Le prisonnier a des droits : la visite, la communication avec ses proches… Le président Alpha Condé est quant à lui, détenu en dehors de toute procédure judiciaire, il n’est inculpé de rien, et le fait qu’il ait été renversé par l’unité anti-terroriste de l’armée nationale n’en fait pas un criminel. Même s’il se trouve une partie de l’opposition pour se réjouir de l’infortune de l’homme, mais son renversement et sa séquestration restent condamnables. Donc le CNRD, contrairement aux médias-mensonges, a raison. Il s’agit bien de domiciliation et non de « transfèrement ».
De facto, il faut préciser que la domiciliation est une procédure administrative qui fixe l’adresse d’une personne physique ou morale à un endroit déterminé, sans obligation par contre pour cette personne d’y résider physiquement. L’action de faire élire domiciliation à Landréah pour le président Alpha Condé ne signifie pas que ce dernier y habite physiquement. Nous ne croyons donc pas que le président Alpha Condé habite physiquement à sa nouvelle domiciliation. Parce que rien ne le prouve. D’autant plus que le CNRD ne fait rien pour rassurer ni le peuple, ni les proches de l’homme, ni son parti, ni les diplomates, ni les forces vives de la Nation. Personne ne peut témoigner des conditions de séquestration du président Alpha Condé. Parce que personne ne l’a vu depuis septembre. Même le président Madabio de la Sierra-Leone avait été empêché de le voir lors de son passage à Conakry.
Au Front Républicain, nous croyons aux vertus de la démocratie et du républicanisme, mais aussi aux valeurs ancestrales africaines. Les putschistes doivent respecter notre pays et libérer le président Alpha Condé. Ils doivent comprendre que l’Afrique n’est plus une jungle où n’importe qui, parce que disposant de jouets dangereux, peut s’auto-désigner « seigneurs ». Ils doivent comprendre qu’ils ne réussiront qu’à mettre fin au régime du président Alpha Condé, mais ils ne pourront en aucun cas rester au pouvoir. Ils n’en ont ni la légitimité, ni la vocation, ni le soutien international. Leur simple volonté de rester au pouvoir est inopposable aux risques d’isolement et d’instabilité que le putsch nous fait prendre. Sans parler du fait qu’ils peuvent être pénalement poursuivis pour avoir fait assassiner des gardes présidentiels et opérer un putsch. Donc la séquestration du président en dépit du caractère aggravant de la circonstance, est inutile.
Raison pour laquelle, nous renouvelons encore et par ma voix, notre proposition au dialogue avec le président Alpha Condé. Cette partie de l’opposition qui s’acharne contre le président Alpha Condé, est dans une haine et une saine colère que tout le monde comprend. Mais vous, vous n’avez aucune excuse valable pour séquestrer le président Alpha Condé. Nous vous invitons à établir un couloir de dialogue avec lui en vue d’une sortie favorable à chacun. Autrement, vous vous enfoncerez à coups sûrs. Le droit n’est pas de votre côté, le peuple non plus.
Aux pseudo-organisations de défense des droits de l’homme comme Amnesty international, qui se réjouissent de l’assouplissement des conditions de séquestration du président Alpha Condé, nous en appelons à la vigilance panafricaine quant à la posture ambiguë et suspecte de telles organisations. Comment une organisation censée défendre les droits de l’homme peut-elle se réjouir des conditions de séquestration d’une personne ? Amnesty international ne défend pas les droits de l’homme en Afrique, elle fait du lobbying en faveur des régimes dociles aux intérêts nauséabonds que tout le monde connaît. L’ambivalence de ses déclarations lorsqu’il s’agit de la Côte d’Ivoire, du Sénégal ou de la Guinée en dit long sur ses véritables agissements sur le continent. Nous lui adresserons dans les jours à venir une demande de clarification sur ce qu’elle appelle « assouplissement des conditions de détention » du Pr Alpha Condé.
Que Dieu bénisse la Guinée et l’Afrique !
Kémoko CAMARA
Porte-parole du Front Républicain de Guinée