La récente nomination d’Oumar Saïd Koulibaly, spécialiste en technologies de l’information, à la tête de la Société de Gestion et d’Exploitation des Aéroports de Guinée (SOGEAG) marque un tournant notable dans la politique de nomination du général Mamadi Doumbouya. Ancien ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique sous la présidence d’Alpha Condé, M. Koulibaly a été nommé par décret présidentiel le vendredi 15 août 2025.
Ce choix envoie un signal fort : celui d’un possible retour en grâce d’anciens hauts responsables autrefois mis à l’écart à la suite du coup d’État du 5 septembre 2021, qui avait mis fin au régime d’Alpha Condé et porté Mamadi Doumbouya au pouvoir.
Une rupture avec certaines pratiques passées
Au-delà de la simple portée administrative, cette nomination illustre peut-être une prise de conscience des limites rencontrées par le chef de l’État dans sa politique de renouvellement des cadres. Ces dernières années, plusieurs postes stratégiques avaient été attribués à des personnalités issues du cercle rapproché du pouvoir, souvent désignées par alternance et parfois peu expérimentées dans la gestion publique.
On peut citer, par exemple, la SONAP, dirigée successivement par deux anciens ministres de l’actuel régime, ou encore d’autres établissements publics à caractère administratif (EPA) ayant servi de points de chute à des proches du pouvoir.
La compétence avant le discours anti-« recyclage »
Lors de sa prise de pouvoir, le général Doumbouya avait affirmé vouloir rompre avec le « recyclage » des anciens responsables. Mais la complexité de l’administration et la nécessité d’une expertise avérée semblent avoir conduit à une révision pragmatique de cette position. La nomination d’Oumar Saïd Koulibaly pourrait donc être interprétée comme une volonté de replacer la compétence au-dessus des considérations politiques.
Ce changement de cap pourrait également annoncer une mise à l’écart progressive des profils qualifiés d’« aventuristes » ou de « bloqueurs » par certains observateurs, au profit de personnalités disposant d’une expérience reconnue et d’un savoir-faire technique.
En s’ouvrant à nouveau aux anciens cadres du régime Condé, Mamadi Doumbouya semble ainsi miser sur une gouvernance davantage axée sur l’efficacité et les résultats, dans un contexte où les attentes de la population en matière de gestion publique sont particulièrement fortes.
Par Makoura